Un dernier verre à l'auberge


Emmanuel Moses, dans Un dernier verre à l’auberge, a dessiné d’un trait léger et précis des petits tableaux mélancoliques non dénués d’humour. Comme si le passé, et la mémoire, sa matière, étaient un sourire au bord de l’abîme. On parle souvent de l'élégance du désespoir, ici ce serait plutôt l'élégance de la mélancolie.

 

 

 

 


 

 

13 euros


La porte s’ouvre
Une fillette en rouge s’approche à cloche-pied

Puis elle se détourne et s’éloigne vers le fond 

 Où il y a un immense paysage vide
Dans lequel elle va sur une seule jambe.

Cette image – une petite fille en rouge – était déjà une autre image, à savoir son reflet exact.
L’image idéale est impossible parce qu’elle devrait refuser son statut d’image, qui nous éloigne d’elle dès qu’elle est conçue. En ce sens, chaque image est intrinsèquement docile, aucune ne s’insurge et aucune ne réussira jamais à destituer ce qu’elle suscite d’emblée comme double qui la vampirise et s’en rend maître.