Texte intime relatant l’expérience vécue d’une forme de maltraitance du corps féminin, Trouée tente de dépasser dans le même temps, qui est un temps infini et indéfini, cette intimité pour en faire une expérience au visage de toutes. Trouée de son moi pour un « tu » d’une humanité sans limites faisant corps face à une violence sans limites. Trouée vers une image d’envol pour respirer dans une dernière vision quand le cou étranglé ne sent qu’un filet d’air. Trouée que seul rend possible le langage poétique, ses rythmes, ses traces et ses signes, pour formuler cet indicible, dans un chant coupé, sur le papier couché comme un corps sur le plancher.

 

 

14 euros


 

vois

la mer monter

 en toi

terre ouverte

en contrebas du corps

chemin osseux

terrain vague 

veines saillantes 

jus qui coule 

mer perdue rouge morte

 


 

toi l’émiettée 

arrachée à la nuit 

parlant

au nom de

sa langue d’absence

sa langue coupée cousue de mots

– brave bave bavarde

 

–une langue de croûte humaine

partagée

connue seule reconnue 

et qui coule

ici

à travers