Nudelman, premier recueil à paraître en français de Justyna Bargielska frappe par son langage cru, sensuel, abrupt. Il renvoie à un univers où dominent l’absurde et l’humour, parfois macabre, pour évoquer la corporalité, notamment du point de vue féminin, que Bargielska montre sous ses aspects variés, la sexualité, la maternité ou la mort. L’auteur se meut avec virtuosité en effet entre le trauma, le réel, le rêve ou le cauchemar, la fantaisie-fiction, faisant référence au cinéma, à la bande dessinée, à la littérature de science-fiction, au conte pour enfants, au domaine du merveilleux, plutôt cruel, par le biais du sarcasme, de l’auto-ironie mêlée de tendresse, du macabre, du tragique et du paradoxe frappant pour modeler une réflexion inédite.

 

14 euros


Le hanneton

Il n’y en avait qu’un et déjà mort,

quelqu’un l’avait écrasé sur la première marche,

en comptant du bas, ou bien sur la dernière, en comptant du haut.

Quelque chose s’écoulait de lui, étalé là. Ma fille

a demandé si c’est à lui que je pensais

quand j’ai parlé des miracles du printemps et d’une nouvelle vie.

Justement on allait quelque part et tout autour c’était

comme après la grande guerre des champignons : rien n’avait changé,

mais rien n’était plus pareil. Oui, c’est à lui

que je pensais dans le fond de mon coeur. Et regarde

ce qui s’est passé...