Localisation Londres

Profitant d’une résidence d’écriture aux Nouvelles Hybrides, Nicolas Tardy s’est  connecté régulièrement à une webcam installée dans un salon de coiffure londonien. L’auteur a choisi ce lieu car il fonctionne comme un huis clos dans lequel il peut se concentrer sur les actions qui s’y déroulent (simultanément pour la plupart). La question de la surveillance et du voyeurisme que pose l’installation d’une webcam dans un tel endroit, ainsi que la présence d’un écran télé et l’omniprésence de l’usage des smartphones par les clients et les coiffeurs disent beaucoup sur notre époque. Elle pose bien sûr la question du consentement des gens filmés et de leur conscience d’être ainsi exposés. De plus, car les scènes sont souvent banales, ce texte pose la question de l’intérêt de filmer et de la quantité extravagante d’images accessibles mais rendues, par leur nombre, totalement invisibles. De même une sorte de vertige peut nous saisir par rapport à la distance, puisque Nicolas Tardy était aux Nouvelles Hybrides et regardait, sans avoir aucune possibilité d’action sur les images qui défilaient, des scènes se déroulant à Londres.

 

 

13 euros


EXTRAIT

Webcam donnait à voir coiffeur à la barbe fournie, pantalon noir, t-shirt noir, penché en avant arpentait la pièce sèche-cheveux à la main tourné vers le sol. Touffes de cheveux se déplaçaient sur la surface du parquet. Coiffeur se penchait, fesses visibles vers la webcam déplaçait un chien à poils ras gris foncé, laisse violette attachée à un des accoudoirs d’une des chaises bordeaux. Corps en pantalon et pull noir, parka jaune, venait de rentrer dans la pièce, sneakers grises aux pieds, agitait les mains, parlait.

 

Coiffeur lui parlait, passait sèche cheveux sur fauteuil de barbier central. Corps en parka jaune s’avançait vers le fauteuil de barbier du fond.