Les hommes sont absents

Les hommes sont absents met en scène trois générations de femmes, trois  destins marqués par l’Espagne franquiste, directement pour les deux plus âgées,  indirectement pour la plus jeune, née en France. 

Poésie de l’intime révélatrice d’une histoire plus large où les femmes  ont été mères avant d’être femmes. Il faut parfois plusieurs  générations pour parvenir à s’émanciper. 

 

 

 

 

 

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Mère

 

Le seul homme politique qui valait le coup était José Antonio Primo de Rivera. Papa m’a fait écouter ses discours. Il parlait plusieurs langues habilement. J’adore son accent français. Il était d’ailleurs très beau. Mon père dit qu’il était un « leader charismatique ».

José Antonio Primo de Rivera a dit plusieurs fois le mot « révolution » et que nous étions des européens, des occidentaux et des chrétiens. Notre pire ennemi est le « communisme ». Je ne sais pas ce que c’est. Mon père a néanmoins approuvé devant l’écran.

Je ne peux m’empêcher de trouver le regard de José Antonio Primo de Rivera bas et froid. On dirait qu’il n’a jamais eu mal et que si les gens avaient mal, il ne sentirait rien. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé ça, mais c’est ce que j’ai dit à mon père qui a éclaté de rire et m’a répondu : « c’était un homme ».