La vie à l'usage
Attente de la femme aimée lors de ses rendez-vous à l’hopital de la grande ville voisine. Moments suspendus, dans les cafés, les restaurants, il regarde la ville. Et le «je» du narrateur, repoussé en fin de vers, exprime parfaitement la position de celui qui attend, hors de lui. Une vie entre parenthèses dans laquelle les choses (la voiture...), la chienne deviennent les seules certitudes.
Prose poétique, poésie en prose, Manuel Daull emploie une langue imagée et lancinante, répétitive, rythmée par les rendez-vous, instants différents et pourtant si semblables dans leur abstraction.
Le livre s'accompagne d'une lecture par Manuel Daull que l'on peut rerouver sur Youtube
12 euros
comme j’aime
cette forme d’oubli des gens
ceux que l’on aime
le plus au monde pourtant – je
veux dire au point de ne plus les reconnaître
peut-être ma mémoire
me joue-t-elle des tours
j’ai pourtant une mémoire assez visuelle
cette impression
ne repose pas sur le visuel seulement
j’ai leur image en tête
mais je crains
qu’ils aient changé
que leurs visages changent
au point que je
ne puisse plus les identifier