La somme de ce que nous sommes

La somme de ce que nous sommes relève, surtout et avant tout, du règne de l’enfance et des lieux qui lui sont indéfectiblement attachés ; où elle a pris corps, et, disons-le, racine. La « somme », dont il est question, est donc, d’abord, celle des lieux ; et dans chaque lieu, celles des expériences et des sensations intrinsèques qui leurs sont redevables, dont ils constituent « la source », le point d’ancrage, et, en même temps, la « caisse de résonance ». C’est à la découverte d’une « géographie constitutive et essentielle »que nous entraîne ce livre.

À travers trois lieux principaux et non clos sur eux-mêmes (puisqu’ils ouvrent les uns sur les autres, et ouvrent également chacun sur d’autres lieux, proches ou plus lointains), l’enfance s’énonce le plus souvent au présent — dans le présent des faits et gestes, des "aventures" modestes, des épiphanies et expériences, qui la marquent et la nourrissent durablement. Si quelques noms propres circulent ici et là, ces trois lieux ne sont pas nommés ou situés autrement que par leur désinence générique et enfantine : « Le jardin », « Le ruisseau », « L’île ». Car ces lieux valent pour tous et pour chacun, ils sont de l’ordre d’une « expérience commune », ou, tout au moins, d’une expérience partageable ou partagée.

 

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À présent, le ciel est bleu. Avez-vous remarqué comme le ciel d’alors était bleu ? Toujours bleu ? Bleu dans la chair de nos souvenirs. Bleu dans la conscience aiguë que nous en avions. Est-ce parce que nous ne sortions que lorsqu’il faisait beau ? Ou est-ce parce que le temps gomme les nuages ? Je ne sais, mais avançons cette hypothèse : si le ciel est toujours bleu, c’est que l’enfance est le lieu de la clarté la plus vive (clarté du commencement, clarté du point d’origine). Si le ciel est toujours bleu c’est que l’enfance est lumineuse.