La fin du monde

Depuis le temps que tout le monde l’annonce, voilà : c’est (enfin) La Fin du  monde. Le livre de Samuel Deshayes et Guillaume Marie est un chant prophétique d’aujourd’hui, jouissif et inventif. Une danse de joie sur un volcan en train d’exploser. Partie de la banlieue sud de Paris, leur apocalypse englobe peu à peu toutes les histoires, toutes les géographies. On y croise des créatures fantastiques et immenses, une comète, une prophétesse, des lamantins. La Fin du monde, composée d’une trentaine de courts chapitres, joue des formes de la narration et l’explose avec les armes de la poésie. Deshayes et Marie reprennent des formes existantes (sonnets, sextines, versets, etc.), les détournent, en inventent de nouvelles.

 

 

15 euros

 



EXTRAIT

 

Jacqueline et George habitaient Washington.
Ils avaient à eux deux cent cinq ans.
Et un chien tatoué et une voiture hybride à consommation faible.
De marque japonaise bien qu’ils se disaient patriotes.
George vit d’abord le ciel noircir au-dessus de la ville.
Il le dit à Jacqueline : « Jacqueline, est-ce que le ciel ne noircit pas au-dessus de la ville ? »
Jacqueline ne comprit pas.
George, seul (Jacqueline était retournée à son compte Instagram) vit par la fenêtre de l’immeuble approcher la masse sombre et gigantesque d’une nuée.
C’était le souffle d’une murène gigantesque sortie du Potomac.