J'écris pour le matin clair
Dans J’écris pour le matin clair de Mads Mygind le narrateur questionne notre recherche de cohérence, de sens, en mettant tout ensemble sur la table poétique : ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il fait, ce qu’il pense, ce qui se dit, ce qui se passe...
Il brouille les unités de lieux et de temps, les frontières entre l’anecdote et l’évènement, le trivial et l’existentiel. Se refuse à porter un jugement. Reste en état de choc et d’hébétude et entraîne le lecteur dans un jeu de perceptions à un rythme qui oscille entre scansion emportée et une série de contrepoints d’une lenteur plus mélancolique.
14 euros
un garçon se tient à la fenêtre dans le bâtiment d’en face et jette des bouteilles dans la rue
ce matin toute la cage d’escalier s’est réveillée avec un torticolis
hier au département de neurologie à l’hôpital d’Aalborg
j’ai rendu visite à mon grand-père
il était anesthésié par la morphine
il était si lointain
mais a étreint ma main quand je lui ai dit au revoir
une des infirmières n’arrêtait pas de répéter
dîtes-moi s’il y a quoi que ce soit
l’autre est entrée dans la pièce avec un verre d’eau
et a ajouté c’est une question de temps
je suis assis à la table de la cuisine et pense à mon grand-père
il est mort aujourd’hui
il est 3h37
j’écris pour le matin clair