j'aime le mot homme et sa distance (cadrage - débordement)

Dans J’aime le mot homme et sa distance (cadrage débordement) Florence Pazzottu emprunte au rugby le cadrage-débordement et ses trois temps, face-à-face, feinte et échappée, pour proposer, dans une traversée réjouissante des formes et des genres, une véritable aventure poétique, dans un sens que ce livre contribue à renouveler.

S’ouvrant sur un éloge du ratage et du dévoiement dans lequel mythes et faits d’Histoire voisinent et fusionnent avec les expériences les plus contemporaines, triviales parfois, J’aime le mot homme et sa distance joue sans cesse, entre vers et prose, entre jaillissement et précision de la pensée, récit serré et saut risqué, autobiographie et adaptation de contes japonais du Xe siècle (avec invention de poèmes-sms), et surprend autant par son accueil de l’imprévisible (dont Florence Pazzottu fait une discipline) que par l’exigence de sa composition.

Une puissante sensation de liberté accompagne de part en part la lecture de ce livre.

 

18 euros

 


 

Un homme et une femme jouaient avec l’idée de l’amour, comme au temps des troubadours, conscients que leur jeu exigeait pour durer que l’amour lui-même fût sans cesse différé, ne fît pas irruption. Ainsi se tenaient-ils toujours au bord de la déclaration, au seuil de son exquise trouée.

Un matin où son amie lui avait annoncé qu’elle avait à lui dire une chose importante, l’homme écrivit :


N’attends pas trop
la mort (et donc la vie)

tient entre le nez et la bouche

À quoi elle répondit

Alors j’écrirai tout à l’heure 

car il y a l’infini